
Dame Flandre
L’allégorie de la Flandre est de plus en plus présente dans la presse francophone dans la deuxième moitié du XXe siècle. Bien souvent, elle dénonce la domination d’une région sur l’autre, et donc de la prééminence de la Flandre sur la Wallonie. La « Dame Flandre » ou encore « Mère Flandre » reprend quelques attributs à l’allégorie de la Belgique. Ainsi, le lion Belgique est transformé en lion Flandre et est souvent représenté sous les traits d’un caniche noir. Cependant, l’allégorie ne possède pas de couronne. En effet, celle-ci est l’attribut historique de la monarchie. L’allégorie Flandre peut être représentée corpulente et porte régulièrement des lunettes. Une caractéristique récurrente de la « Dame Flandre » est la présence des initiales AVV-VVK sur sa robe ou en tatouage. L’allégorie de la Flandre adopte plusieurs positions dans le dessin de presse. Elle peut fricoter avec un homme politique wallon (parfois même dans des situations compromettantes pour lui) ou être défendue par ce même homme politique (François Perin est régulièrement représenté dans ce rôle). Elle peut également mettre KO un homme politique.

La caricature du Pan ci-contre présente deux personnages entre lesquels se lit une réelle complicité. Ceux-ci sont espionnés par trois personnages se trouvant derrière un arbre. La scène se déroule dans un cadre rural : une ferme est dessinée à l’arrière-plan. La caricature est de la plume d’Alidor et a pour titre « Deuxième acte ». La légende de celle-ci est en wallon : « on dimègne ki d'je copève des fleurs divin noss'pré, dji véya 'n bèle djon ' feye adié d'mi s'arrester... Ah ah ah dihem , l'avé-v veyou passer » et signifie : « Un dimanche que je coupais des fleurs devant mon pré, je vis une belle jeune fille à coté de moi s'arrêter, ah ah ah dilemme l'avez-vous vu passer ? ».
Au premier plan, l'homme en train de cueillir des fleurs est François Perin, membre du Rassemblement Wallon. En même temps, il observe une « belle jeune fille » qui arrive près de lui. Cette dernière est reconnaissable en tant que personnification de la Flandre grâce à son chien noir (représente le lion Flandre) et aux inscriptions sur sa robe, AVV-VVK.
Caricature d'Alidor parue dans Pan n° 1467 du 7 février 1973, Deuxième acte
Au deuxième plan, les trois hommes qui espionnent cette scène amoureuse sont, de gauche à droite : Lucien Outers, André Lagasse et François Persoons, membres du FDF. Sur l'arbre, on peut voir le dessin d’un cœur percé par une flèche symbolisant l’union entre le FDF et le RW. Ce symbole fait référence à l'alliance entre le FDF et le RW qui date du 31 mai 1968. Cette union est réalisée dans un but stratégique afin de contrer la cohésion flamande. Ce symbole contraste fortement avec la scène amoureuse de Perin et de l’allégorie Flandre. Ce contraste peut vouloir lancer l'idée d'une éventuelle trahison de Perin à l'encontre du FDF en 1973.

Dans cette optique, la caricature pourrait être liée à une caricature ultérieure du même journal (à droite). Cette dernière présente les trois hommes du FDF qui espionnaient, en train d'accuser Perin de trahison. En effet, ils lui montrent une photo de lui et de la « Mère Flandre » dans un lit. Sur base de cette photo, ils exhortent Perin d'avouer.

Il existe également des représentations de la Wallonie, comme nous le montre cette caricature plus ancienne. Cependant, il n'y a pas de représentation de "Dame Wallonne" dans le corpus étudié.
Ce dessin de Ochs nous montre des jumelles siamoises en promenade. L'une des soeurs (la Flandre) s'est laissée séduire par l'Eglise et veut dicter sa volonté. L'autre (la Wallonie) tient à sa liberté. La Wallonne tient des ciseaux et veut couper le lien. Le dessinateur Jacques Ochs traduit visuellement l'opposition du début du XXe siècle : d'un côté la Flandre prude et croyante, de l'autre la Wallonie féminine et plus fringante, avec à l'arrière-plan l'activité industrielle.
Caricature d'Alidor parue dans Pan n° 1483 du 30 mai 1973, De la morue à la call-girl. L'anglais grand pêcheur
Ochs [Ochs J.], Les soeurs siamoises, dans Tatène Veuve Tchanchet. Journal Satirique Illustré, 11 juillet 1912








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